Dans le monde du travail, être constamment dans l’action est érigé comme une qualité et le « faire » est largement valorisé. 🏃‍♀️

Pourtant, travailler sans relâche, enchaîner les tâches et multiplier les heures supplémentaires ne garantissent pas de meilleurs résultats. A l’inverse, cette approche mène bien souvent à l’épuisement, à une baisse de concentration et à une diminution de la qualité du travail.

Et si la clé de la productivité résidait justement dans l’art de lever le pied ?

Christèle, fondatrice de CréActiv’Epanouies et adepte du slowpreneuriat, en a fait l’expérience. Après un burn-out et une prise de conscience douloureuse, elle a choisi de transformer son rapport au travail pour privilégier l’essentiel, la simplicité et l’efficacité.

Dans cet article, elle nous invite à explorer une nouvelle approche du travail, où ralentir devient un véritable levier de réussite et de bien-être.

1) L’histoire de Christèle

Je suis Christèle, fondatrice de CréActiv’Epanouies et mon truc à moi c’est le slowpreneuriat. Je suis coach formatrice et j’aide les entrepreneurs à optimiser et à simplifier leur business, pour travailler moins mais mieux.

Y-a-t-il eu un événement dans ta vie qui a fait que tu t’es tournée vers cette philosophie ?

J’ai passé 15 ans dans le salariat et j’étais très investie. J’avais plein d’idées et j’étais toujours force de proposition.

J’avais également des missions de prévention au burn-out et de bien-être au travail. C’est quelque chose qui a toujours été très important pour moi et, ironiquement, c’est moi qui ai fait un burn-out.

J’ai passé quelques mois compliqués mais j’ai très vite transformé ce burn-out en cadeau. J’ai pris conscience que quelque chose n’allait pas dans ma vie et qu’il fallait que je change.

Suite à mon burn-out, j’ai quitté une entreprise à laquelle j’étais très attachée et je me suis lancée dans l’entrepreneuriat. J’étais très motivée et enthousiaste. J’avais plein d’idées et plein de rêves en tête.

Mais très vite, je suis retombée dans mes travers de surinvestissement. J’enchaînais des semaines à plus de 50 heures mais j’étais frustrée de constater que je n’avais réalisé que la moitié des tâches de ma To do liste. Je travaillais beaucoup pour peu de résultat. Finalement, je faisais plein de choses mais pas les plus utiles.

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A ce moment-là, mon corps m’a envoyé une deuxième alerte et j’ai passé 15 jours alitée. Pour la première fois, j’ai vraiment pris conscience de ce besoin de ralentir. C’est comme ça que j’ai découvert le slowpreneuriat. 🌱

2) Les 3 piliers du slowpreneuriat

J’aime bien parler de 3 piliers principaux dans le slowpreneuriat :

1. Prioriser et simplifier

L’idée est de chercher les tâches les plus efficaces et d’aller à l’essentiel. 🎯

Il faut apprendre à travailler différemment, en prenant le temps de réfléchir dans le but de simplifier et d’optimiser son entreprise et son quotidien.

2. Définir sa ligne directrice

Il est important de déterminer « la ligne directrice ». Ce fil conducteur permet de se concentrer sur ses priorités pour éviter de s’éparpiller et se noyer dans des tâches qui n’ont pas de réelle valeur.

Ça rejoint la philosophie du minimalisme : aller à l’efficacité et à la simplicité.

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3. Connaître ses valeurs et ses limites

Il est essentiel de se reconnecter à ce que j’appelle « la puissance intérieure ». 🔋

Il faut faire un point sur ses valeurs et son énergie, mais aussi sur ses limites et ses zones d’ombre car elles font aussi partie de nous.

Par exemple, je sais que depuis mon burn-out, je ne peux plus enchaîner des semaines de 50 heures comme je l’ai fait à une période. Mon corps ne peut plus et m’envoie des signaux immédiatement.

Apprendre à se connaître permet de dresser sa ligne directrice (savoir où on veut aller et comment on y va) tout en se respectant.

3) Les injonctions de la société

J’ai l’impression que tu as vraiment dû lutter contre ta nature pour arriver à ralentir.

Je ne sais pas si c’est lutter contre ma nature ou lutter contre ce que nous apprend la société ou l’éducation qu’on a pu avoir.

J’étais toujours dans cette idée qu’il faut faire. « Il faut travailler dur pour réussir » cette phrase je l’ai entendue toute ma vie. Pourtant, ce n’est pas le temps de travail qui est synonyme de réussite mais plutôt trouver les tâches ou les actions les plus efficaces et les plus impactantes qui vont nous amener vers la réussite. 🚀

Au-delà de ça, la société nous encourage à être multitâche. Par exemple, je travaillais dans une petite agence où nous n’étions pas très nombreux. Je devais gérer aussi bien le téléphone que les clients, le planning, etc. J’en étais venue à être multitâche et à travailler tout le temps sous pression. On me disait que c’était une super qualité mais, avec le recul, on ne se rendait pas compte de la pression et du stress dans lequel j’étais. Le jour où j’ai été arrêtée, je me suis sentie soulagée car je n’avais plus la boule au ventre.

Je pense que la société nous apprend à faire toujours plus et à être toujours occupé, sans prendre le temps de se questionner sur ses priorités et son organisation. Pourtant, être multitâche est contre-productif et ne permet pas d’être vraiment concentré sur ce que l’on est en train de faire.

L’idée du slowpreneuriat est donc de travailler efficacement, sans être constamment débordé et stressé. 🧘

4) Les outils pour s’organiser au travail

As-tu des outils (livres, blogs, applications, etc) qui permettent de mieux s’organiser ou ralentir ?

J’affectionne particulièrement Notion. J’ai d’ailleurs créé « un Copilot business » autour de cet outil pour aider les entrepreneurs à être plus efficace et à gagner du temps.

J’utilise aussi Chat GPT pour gagner du temps sur les choses qui, pour moi, ne sont pas indispensables, et tout l’univers de Google tel que Google Meet pour les rendez-vous.

De plus, j’utilise un tracker de temps pour gérer mon énergie. Pour moi, il est important de ne pas dépasser un certain nombre d’heures travailler dans ma semaine. Quand j’ai des semaines un peu plus chargées, je réajuste la semaine suivante.

Cet outil me permet aussi d’évaluer le temps que je passe sur chaque tâche. Ainsi, je peux identifier les tâches qui me prendraient trop de temps pour ensuite les optimiser, les simplifier, les déléguer ou même les supprimer.

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Aujourd’hui, on a la chance d’avoir énormément d’outils à disposition. Il suffit juste de trouver ceux qui nous conviennent. En revanche, il faut éviter de s’éparpiller et de sauter sur tous les outils que l’on peut trouver !

Enfin, un livre a vraiment changé mon état d’esprit sur la relation au travail, c’est « La semaine de 4 heures » de Tim Ferriss. Ce livre a été un déclencheur. Il m’a montré qu’il était possible de faire différemment que ce que la société nous apprend c’est-à-dire obtenir un bon CDI dans une très grande entreprise.

Ce livre a été une révolution dans ma tête et dans ma manière de fonctionner.

5) Les freins qui nous empêchent de ralentir

Qu’est-ce qui, d’après toi, peut être un frein pour simplifier et ralentir ?

Pour moi, c’est principalement des croyances telles que « il faut travailler dur pour réussir » ou « le travail c’est la santé ». Elles nous poussent à faire toujours plus et à partir dans l’action sans forcément avoir réfléchi à ce qui est le plus important.

Il faut aussi arriver à se détacher du regard des autres. Etant donné que le « faire » est valorisé par la société, on peut facilement passer pour quelqu’un de fainéant si l’on est trop réfléchi et pas assez dans l’action.

C’est marrant ce que tu dis parce qu’effectivement, j’ai un très bon exemple.

Récemment, j’ai fait une conférence devant plus de 300 entrepreneuses et je leur ai dit que l’on m’avait traitée de fainéante. Je leur ai expliqué que j’assumais pleinement cette étiquette car, pour moi, ce n’est pas de la fainéantise mais de l’efficacité stratégique : créer sa ligne directrice, poser ses priorités et se concentrer sur l’essentiel. Le plus important pour moi est de respecter mon énergie.

En réalité, les personnes qui vont vous critiquer ont-elles mieux réussi ? Sont-elles plus heureuses dans leur vie ?

Souvent, à travers leurs critiques, elles ne font que projeter leur propre peur sur nous donc, ça leur appartient, ça ne nous appartient pas à nous. ⛔️

5) Son meilleur conseil pour oser ralentir

Quel conseil aimerais-tu donner à tous ceux qui souhaitent lever le pied ou qui se sentent un peu oppressés dans leur quotidien ?

Le conseil que j’aimerai donner est de prendre soin de soi et d’arrêter de culpabiliser quand on fait quelque chose pour soi.

Quand j’organise ma semaine, je prévois toujours un moment pour mon temps personnel que je programme en priorité dans mon agenda. Par exemple, tous les jours, je prévois un temps pour mes siestes méditatives. Ce n’est pas négociable ! Elles me permettent de recharger mes batteries et d’être encore plus efficace.

L’idée centrale du slowpreneuriat est de prioriser son bien-être car on a souvent tendance à faire passer toutes ses obligations avant soi-même. Or, quand on est entrepreneur, si on ne prend pas soin de soi, c’est difficile de prendre soin de son business. Si on s’épuise, l’entreprise s’épuise aussi.

D’ailleurs, Tim ferriss en parle dans son livre « La semaine de 4 heures ». Il explique que programmer des choses à faire pour soi rend plus efficace. Effectivement, à une période, j’avais mes séances de sport après le travail et c’était les journées où j’étais le plus efficace parce que je savais que, ces jours-là, il fallait que je sois à telle heure, à tel endroit.

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Et puis, si on est sans cesse focus sur son travail, on n’a plus de temps pour la créativité. Notre cerveau n’est pas disponible pour laisser entrer de nouvelles idées.

Pour ma part, le moment où j’ai mes meilleures idées c’est quand je vais marcher en pleine nature.

Si on devait retenir une seule chose de cette interview, que serait-elle ?

L’essentiel est de savoir ralentir (même parfois s’arrêter) et d’identifier sa mission de vie : qu’est-ce que je veux dans ma vie ? qu’est-ce qui est le plus important pour moi ? L’objectif est de mettre en place les actions permettant d’aller à l’essentiel et d’avancer.

« Oser ralentir pour mieux avancer. » Christèle de CréActiv’Epanouies

Il faut garder à l’esprit que l’on est acteur de nos vies. Lorsque la situation ne convient plus, il faut se demander : comment je fais pour changer et pour reprendre les rênes de ma vie ou simplement ajouter un peu de fun et d’épanouissement dans mon quotidien ? Or, on a souvent tendance à rester spectateur.

Enfin, oser ralentir c’est prendre des rendez-vous avec soi et des temps d’introspection.

L’objectif est d’avancer en travaillant moins mais mieux pour ne pas s’épuiser à la tâche et finir comme j’ai fini : en burn-out.

« Prendre le temps n’est pas une perte de temps. »

Conclusion

Oser ralentir ne signifie pas renoncer à ses ambitions. Au contraire, travailler moins mais mieux permet de donner une direction plus claire et plus alignée avec ses valeurs, pour devenir inarrêtable.

En définissant ses priorités, en simplifiant son quotidien et en se détachant des injonctions de la société, il devient possible de bâtir un équilibre professionnel plus serein et plus épanouissant.

Plutôt que de courir après une productivité effrénée, pourquoi ne pas prendre le temps de réfléchir à ce qui compte vraiment ?

Ralentir, ce n’est pas perdre du temps : c’est investir dans un avenir plus durable et plus harmonieux.

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