Comment vivre une parentalité plus apaisée grâce au minimalisme – Interview d’experts

Dans une société où la surstimulation et les sollicitations incessantes font partie du quotidien, de nombreux parents explorent le minimalisme pour retrouver un peu de calme dans leur vie de famille.

Pour mieux comprendre cette approche, j’ai invité Élise, fondatrice du blog OptimismeCool et maman d’une petite fille atypique, à nous raconter son parcours vers ce mode de vie.

Motivée par le bien-être de sa fille, diagnostiquée multi-dys et hypersensible, Élise a découvert dans le minimalisme une source d’équilibre pour toute la famille, modifiant progressivement son propre quotidien et ses habitudes. 💏

Dans cette interview, Élise partage avec générosité ses outils et astuces d’organisation, créant un espace de vie plus serein, recentré sur l’essentiel.

Son témoignage nous montre comment cette philosophie peut transformer non seulement notre intérieur, mais aussi enrichir nos relations et renforcer notre bien-être au jour le jour.

1) L’histoire d’Elise

Je vis à Madagascar (à 10000 km de vous) et ma fille a des spécificités puisqu’elle est pétillante, très créative, mais elle est aussi multi-dys : dyslexique, dyspraxique, avec des troubles de l’attention et hyper sensible.

Lorsque j’ai créé mon blog, je recherchais des outils pour aider ma fille et, de fil en aiguille, j’ai vu que j’impactais une communauté de parents.

Mon blog s’adresse donc aux parents qui ont des enfants neuroatypiques. Le but est de leur apporter des outils pour qu’ils aient une parentalité plus cool et plus optimiste avec ces enfants spéciaux.

2) Son intérêt pour le minimalisme

Si on a des enfants non atypiques, les outils que tu proposes sont aussi très intéressants. Et notamment, tu parles du minimalisme. Avais-tu déjà un mode de vie minimaliste ou t’es-tu tournée vers la simplicité suite à la naissance de ta fille ?

A Madagascar, il y a une philosophie qui amène à l’essentialisme et au minimalisme parce qu’on est dans un pays en voie de développement et on utilise beaucoup le système D, c’est-à-dire le recyclage, l’utilisation des matières naturelles, etc. On n’est pas dans une société de consommation à l’occidentale. On se concentre beaucoup sur l’anti-gaspillage et sur le fait de gérer l’essentiel au quotidien.

Et puis, lorsque j’ai découvert que ma fille était neuroatypique, je me suis beaucoup plus penchée sur toutes les techniques d’organisation et de réduction du stress.

C’est comme ça que j’ai découvert ton blog. Je trouve vraiment de super astuces. Il m’aide au quotidien et m’a permis de me perfectionner dans cette approche du minimalisme et de l’optimisation de l’organisation. 😍

Les 3 points qui font que le minimalisme m’a motivé :

1) Une grande majorité des enfants neuroatypiques sont hyper sensibles. Il faut donc éliminer toute surcharge sensorielle. Trop de couleur, de désordre et d’encombrement participent au fait qu’ils soient plus agités et moins apaisés. 🧘

J’en ai fait une priorité. J’organise mon intérieur et mon environnement pour qu’il soit plus épuré et pour éviter cette surcharge sensorielle à ma fille.

2) Quand il y a moins de choses à ranger et à nettoyer, on gagne du temps et on préserve son énergie. Et Dieu sait qu’il en faut pour suivre ces enfants qui débordent d’énergie !!! 🤸

3) On se recentre vraiment sur l’essentiel et on ne s’éparpille pas. Ça permet d’atténuer une certaine charge mentale liée aux rendez-vous médicaux, aux devoirs, à son propre travail, etc. Il faut vraiment faire l’effort d’éliminer ce qui est inutile pour être plus apaisé et plus disponible pour son enfant.

👉️ A lire aussi : Comment le minimalisme permet de passer des moments de qualité en famille

3) Sa méthode pour s’alléger

C’est un beau résumé que tu viens de faire : les objets prennent du temps à ranger, à nettoyer, à réparer et à chercher ! Par quoi as-tu commencé pour alléger ton environnement ?

Au début, je me suis concentrée sur la chambre de ma fille puisque c’était surtout pour elle.
On a d’abord changé la couleur de sa chambre pour une couleur claire.

Ensuite, on a mis en place des rangements afin qu’ils soient beaucoup plus faciles pour elle, avec des petits pictos visuels pour repérer où ranger les différentes catégories de jouets (Lego, puzzles, etc). 🧩🧸♟️

De fil en aiguille, j’ai commencé à ranger le cellier de la cuisine. Finalement, les bienfaits sont arrivés vers moi et ça a fait un peu tache d’huile à la maison.

4) L’impact du minimalisme sur sa vie

A partir de quel âge t’es-tu rendue compte qu’elle avait besoin d’un environnement plus simple ?

Je pense que c’était vers les 3 ans. Au départ, je ne comprenais pas qu’il fallait des techniques différentes pour les enfants. Je disais à ma fille : « range ta chambre ! ».

Plus tard, j’ai compris. Quand on a eu les bons rangements, j’ai pu lui expliquer « tu mets les puzzles dans la panière, tu ramasses les habits et tu les mets dans la panière à linge ». J’étais beaucoup plus précise dans mes instructions et elle a été plus motivée puisque c’était plus clair pour elle. De surcroit, elle était contente de réussir à faire les choses par elle-même. Il y avait un cercle vertueux. 🚀

En grandissant, les meubles et les aménagements ont changé, mais elle a gardé cette autonomie de pouvoir placer les bons objets au bon endroit.

👉️ A lire aussi : Le désordre de nos enfants : comment leur enseigner l’art du rangement !

Même pour les adultes, c’est important ! Certains objets ne sont pas rangés parce qu’on ne sait pas où les mettre. Je pense notamment aux chargeurs et aux téléphones que l’on est souvent en train de chercher parce qu’ils n’ont pas de place bien définie.

Tu m’as vachement aidé parce que tu as des articles sur ces objets appelés les « Sans Rangement Fixe ». Lire régulièrement ton blog me permet d’entretenir les habitudes et de les améliorer donc merci beaucoup pour ça.

👉️ A lire aussi : 5 raisons qui expliquent pourquoi votre désordre revient toujours et comment y remédier

Est-ce que tu as vu un effet sur le comportement et le bien-être de ta fille ?

Oui mais pas du jour au lendemain. Tu le ressens après quelques mois. Déjà, les enfants neuroatypiques, plus que les autres, ont besoin de routines. Ils ont besoin de structure pour se sentir sécurisés et apaisés.
Sur le long terme, j’ai ressenti une augmentation de sa concentration et une réduction du stress quotidien.

J’imagine qu’elle a dû gagner en confiance du fait de pouvoir faire elle-même.

Oui, par exemple, quand il y a des copines qui viennent à la maison pour des pyjamas party, elle est fière de montrer son organisation. Parfois, les copines sont étonnées parce qu’elles n’ont pas forcément cette discipline ou cette organisation à la maison. Effectivement, cela la valorise. Elle se sent davantage en confiance.

De plus, je me dis que plus tard, quand elle aura son chez elle, ça sera un avantage d’avoir acquis ces habitudes. Maintenant ça fait partie d’elle donc, en tant que maman, c’est très agréable de se dire qu’on a pu transmettre un certain style de vie. 😊

Mais, au-delà du rangement et de l’organisation, c’est l’anti-gaspillage et le fait de réparer qui, pour moi, sont un gain énorme. Ce sont des réflexes de se demander comment je peux trouver une autre utilité à cet objet. Ça stimule la créativité.

5) Ses précieux conseils pour se lancer

Pour ceux qui trouvent que c’est vraiment une montagne, la première chose est de se concentrer sur le pourquoi on a envie de le faire. Il faut que ce pourquoi soit très fort.

Pour moi, mon pourquoi c’était de réduire le stress que pouvait avoir ma fille et lui donner tous les outils pour augmenter son bien-être.

J’ai lu aussi « La Magie du Rangement » de Marie Kondo et, le point commun des personnes qu’elle a accompagnées est qu’elles avaient des pourquoi très forts. Au final, ces personnes ont maigri, retrouvé des passions, renforcé leur relation avec leurs enfants ou leurs conjoints, etc. Ces pourquoi étaient tellement forts qu’ils ont motivé et nourri l’envie de garder le minimalisme comme un style de vie.

6) Ses difficultés et ses astuces

Qu’est-ce qui était le plus difficile pour toi à mettre en place ?

Je pense que c’est de maintenir le tout. A des moments, on se dit que l’on n’a pas assez de temps ou d’énergie pour maintenir toute la maison avec le même standard. Parfois, il y a un peu de découragement et puis, on s’y remet parce qu’on revient sur notre pourquoi.

Je prends toujours l’exemple de mon cellier. Régulièrement, je suis obligée de remettre les choses à plat.

Les pièces de stockage sont terribles ! Tu as exactement la bonne démarche : faire un gros tri puis maintenir le système, en particulier, les endroits où ça peut vite s’accumuler.

As-tu lu l’article sur les points chauds, ces endroits de la maison qu’il faut vérifier régulièrement pour ne pas se laisser à nouveau déborder ?

Ouais complètement ! C’est pour ça que ton blog m’aide. Le fait de nommer les choses comme les « Sans Rangement Fixe » » ou les « points chauds », me fait déculpabiliser. Je me dis : « il y a carrément un nom pour ces objets ce qui veut dire que d’autres personnes doivent être dans le même cas que moi ». 😅

👉️ A lire aussi : Maitriser les « points chauds » pour un foyer ordonné

7) La simplification de son agenda

As-tu appliqué la simplification à ton agenda ?

Oui sauf qu’au début, j’ai testé des outils d’organisation numérique mais ça ne m’a pas plu donc je reste avec mon agenda papier et mon stylo. Ce n’est pas très avant-gardiste mais cela me permet de mémoriser ce que je dois faire et de l’avoir toujours avec moi. C’est plus pratique.

C’est aussi très motivant : quel plaisir de rayer sa To do liste quand on a fini !!! 🥳 Tu ne peux pas le faire sur le téléphone. Ça n’a pas le même effet !

Une idée qui va souvent avec le minimalisme, c’est d’apprendre à dire non. Appliques-tu cette philosophie ?

J’ai eu un gros problème avec ça au départ. Puis, j’ai appris à me demander : qu’est-ce qui est le plus important et qu’il faut que j’assure cette semaine, et qu’est-ce que je dois faire pour être bien pour pouvoir assurer ? Ça permet de me recentrer sur l’essentiel.

Là où je veux en venir, c’est que j’ai appris à lâcher prise. C’est bien de vouloir les choses épurées et d’essayer d’atteindre un certain bien-être mais il ne faut pas que ça soit au prix d’un stress supplémentaire parce qu’on est dans une quête de perfectionnisme. Il faut accepter les imprévus et apprendre à être flexible quand ça n’est pas comme on veut parce que la vie est comme ça.

8) Ses références inspirantes

Quelles sont tes références et tes sources d’inspiration ?

En livre, j’aime beaucoup Marie Kondo.

Après, tu vas être un peu étonnée mais, avec ma fille, on aime bien regarder les émissions de rangement et de nettoyage (« c’est du propre »). Je lui dis : « attention, si on commence à lâcher sur les habitudes, on peut arriver à ça ».

D’autre part, dans mon environnement professionnel, on a été formé au Lean Management et à la technique « 5S » pour standardiser le rangement, nettoyer, trier, définir un endroit précis pour chaque chose. C’est une manière saine d’atteindre l’efficience et la productivité.

👉️ A lire aussi : La méthode des 5S : un outil efficace pour s’organiser

9) Ses meilleurs conseils et son message d’optimisme

Aurais-tu un conseil à donner ?

J’aimerais vraiment témoigner des bienfaits que cela a eu sur ma fille. Je le vois au quotidien : sa prise d’autonomie, sa confiance, la réduction de la charge mentale et du stress.

Et puis, je renvoie les parents vers ton blog parce que je le lis vraiment très régulièrement et, non seulement ça me donne des astuces que je ne vois pas partout, mais surtout ça me déculpabilise. 🤗

Le message que j’ai envie de dire c’est de se concentrer sur ce qui est essentiel pour soi et de prendre le temps de cette introspection. Quand on a défini ce qui est important pour soi, c’est plus facile d’être dans une démarche de minimalisme, d’éliminer ce qui ne nous convient pas et d’accueillir les imprévus.

Tu as vécu en France et à Madagascar. As-tu vu des différences entre ces 2 pays, en termes de consommation et d’habitude de vie ?

Ouais clairement ! Il y a quelque chose qui me choque énormément en France, c’est de jeter de la nourriture ou des meubles. C’est de trouver des choses qui fonctionnent encore très bien, sur le palier de chez soi, pour partir à la déchetterie.

Dans les chaînes de restaurant, on met la nourriture dans des sacs poubelles puis on met de la javelle dessus pour ne pas que ça soit mangé par quelqu’un.

Heureusement, je remarque que l’économie circulaire et les tendances comme la consommation en vrac et l’explosion de la seconde main, sensibilisent sur le fait qu’il faut être dans l’anti-gaspillage et que c’est un style de vie. ☘️

Qu’est-ce qu’on veut pour notre société ? Est-ce que c’est de toujours produire plus pour épuiser la planète ou est-ce que c’est de produire mieux et consommer mieux ? 🌍️

Notre rôle en tant que parent est de donner des repères à nos enfants et de leur transmettre les valeurs qui nous sont chères. Petit à petit, c’est ce qui va faire que nos enfants participeront à construire un monde de demain avec une valeur de bien-être au cœur de ce qui fonctionne.

Conclusion

Élise nous rappelle que le minimalisme est plus qu’une tendance : c’est une philosophie qui allège notre environnement, notre esprit et nos relations.

En simplifiant son quotidien, elle a réussi à créer un espace de vie plus serein et épanouissant pour sa fille atypique, renforçant ainsi son propre bien-être en tant que parent.

Son expérience montre combien le minimalisme peut être bénéfique pour les familles, notamment avec des enfants neuroatypiques, en offrant un cadre structuré et propice à l’autonomie.

Élise nous invite ainsi à recentrer nos vies sur l’essentiel, pour une parentalité plus calme, bienveillante et pleine de sens.

Si l’histoire d’Élise vous a inspirée, n’hésitez pas à partager cet interview avec d’autres parents en quête de simplicité ! 🙏